Sport de haut niveau

Jérémie Mion - Épisode 4 - Janvier 2021

Troisième session d'entraînement à Trapani, en Sicile, pour Jérémie Mion. Malgré un contexte difficile, notre champion garde la tête sur les épaules et ne perd pas de vue son objectif des JO de Tokyo à l'été prochain.

Rester dans le moment présent

Cette formule a toujours été une philosophie pour moi dans les moments de pression. Ne pas être dans le futur mais se concentrer sur les tâches à réaliser aujourd’hui, se recentrer sur l’action. Ne pas penser aux conséquences d’une potentielle erreur, ne pas spéculer sur l’avenir que nous ne contrôlons pas, ne pas rêver de la médaille avant de l’avoir mais agir pour faire au mieux au quotidien, ce qui nous mènera peut-être vers ce résultat.

Aujourd’hui, cette phrase est d’actualité car nous passons notre temps à nous adapter et à voir notre programme évoluer.

Difficile de se projeter, mais autour de nous, on nous dit qu’une chose est sûre : nous disputerons les JO de Tokyo l’été prochain. Dans quelles conditions, on ne sait pas. Les contraintes seront probablement énormes et nous devrons faire avec. Mais à la fin, il y aura bien des médaillés en 470, et on va tout faire pour être dans le lot.

Déjà la fin du mois de janvier, et nous voilà maintenant à 6 mois des JO !

Nous avons pu réaliser une troisième session d’entraînement à Trapani, avec quelques-unes des meilleures équipes du monde. Ces dernières semaines ont été pour moi une bataille mentale. Sur place, la ville était confinée. On partait naviguer, puis on rentrait dans notre hôtel pour récupérer, débriefer, réfléchir à tout ce qu’on pouvait améliorer le lendemain.

Des discussions du matin au soir sur notre technique, nos réglages, notre matériel, notre communication...Toujours avec notre trio entraîneur/équipage. Bataille mentale donc, car nous avons eu du vent fort et de la grosse mer tous les jours, une eau à 13°C, du mauvais temps et une température extérieure à 10-12°C. Bref, on a tremblé !

Cette session a bien montré à quel point rester concentré sur ces actions dans le présent était important. Nous avons notre championnat du monde début mars, bientôt donc. On devrait être sûr de nous, sûr qu’il a lieu, comme les jeux. Mais non, tous les jours nous avons des informations qui nous disent oui, puis non… Il aura lieu, ou pas… Idem pour les jeux au mois de juillet.

À ce moment-là, on peut vite penser qu’il fait froid, que tout est fermé dehors quand on rentre, qu’on voit les 5/6 mêmes personnes tous les jours, qu’on doit se faire violence pour la préparation physique, rester rigoureux sur l’alimentation, se donner toujours à fond sur l’eau, et que c’est peut-être pour rien. Facile de basculer de ce côté des pensées, mais nous essayons de prendre du recul. De ne pas avoir de regrets, de bosser à fond pour être prêts au moment où nous pourrons agir, et de croire en l’avenir !

Alors, on se programme des tâches tous les jours, on adapte le programme, on reste flexibles, et surtout on essaie de rester positifs !!! Dans ces moments-là, rester soudés et être bien entouré est primordial. Pouvoir se confier est important, ce n'est pas un signe de faiblesse. Exprimer ses doutes permet d’avancer et de se libérer. On ne lâche rien et on va de l’avant !

Nous sommes maintenant de retour sur notre base Marseillaise. On revient d’un stage de préparation physique dans le Queyras, et nous avons devant nous une grosse semaine de préparation de nos deux bateaux olympiques.

Départ pour le championnat du monde au Portugal encore incertain, mais on se tient prêts. Il devrait avoir lieu le 8 mars, on attaque la dernière ligne droite pour cette première étape de l’année.

Message un peu long et assez porté sur l’état mental du moment… C’est pour moi ce qui ressort le plus de ces dernières semaines, alors je tenais à vous le partager.

Merci pour le soutien sans faille, qui prend encore plus son sens dans une telle période.

Très bonne journée à tous, et à très vite pour la suite des aventures !

Jérémie