En 2008, l’appel à projets « Grand  Paris », lancé par le président de la  République et l’architecte-urbaniste  Antoine Grumbach, vise « à mieux  connecter Paris au Havre, sa porte  maritime, pour faire du territoire Axe  Seine la colonne vertébrale du Grand  Paris ».

Derrière la géographie d’un fleuve  de renommée internationale, autour  duquel s’est bien souvent construite  l’histoire de notre pays et bien sûr celle  de la Normandie, serpente un axe à la  fois industriel, portuaire et patrimonial  puissant. La vallée de la Seine, corridor  stratégique pour la France, s’affirme  bien comme un territoire capable  d’assurer ce rôle naturel de lien entre  Paris, ville-monde, et Le Havre, ville-port ouverte sur le monde.

Un territoire qui s’inscrit dans les pas de l’histoire

Au fil du temps, le souvenir de l’histoire qui avait si souvent lié les territoires traversés par la Seine s’était estompé, et avec lui le sentiment d’appartenance à un même espace territorial. Pourtant, nombreux sont les domaines d’activités dont l’intérêt reste partagé. Poids lourd portuaire et logistique, l’Axe Seine est aussi une terre industrielle de premier plan où des secteurs d’activité majeurs historiquement implantés, tels que les énergies, la chimie et la pétrochimie, l’automobile ou encore l’aéronautique, continuent de fournir 20 % de l’emploi industriel en France.

Si le Grand Paris a besoin de la vallée de la Seine et de la façade maritime normande pour disposer d’une porte sur le grand large et ainsi continuer à figurer parmi les métropoles mondiales les plus attractives, il est essentiel que cet atout soit exploité de façon mutuelle par l’ensemble des acteurs concernés. C’est sur cette conscience d’un intérêt commun que naît l’Axe Seine, territoire à la fois équilibré et capable de faire éclore tout son potentiel de richesse au profit du pays tout entier. C’est pourquoi le développement de l’Axe Seine est un investissement dont les retombées bénéfiques s’avèrent larges et multiples.

Un seul et même port sur la Seine

À l’heure de la mondialisation et à une époque où la croissance des échanges internationaux repose en grande partie sur le trafic transocéanique, l’idée de l’Axe Seine a déjà contribué à tourner Paris vers sa façade maritime. Sous l’impulsion du gouvernement, les ports du Havre, de Rouen et de Paris ont ainsi fusionné en juin 2021. HAROPA PORT, désormais placé au rang des plus grands ports européens, offre à la fois 500 kilomètres de voies navigables et une ouverture sur le trafic maritime mondial.

L’ensemble unifié pose les bases d’un système portuaire et logistique intégré, qui optimise le traitement des flux de marchandises et favorise le développement d’activités industrielles. L’Axe Seine peut ainsi conforter son rang dans l’économie nationale et devenir l’une des principales portes d’entrées maritimes de l’Europe du nord-ouest.

Un espace de coopération, une communauté de projets

Début 2021, les maires de Paris, Rouen et Le Havre décident de relancer l’Axe Seine grâce à une collaboration renforcée autour des enjeux climatiques, de mobilité ou encore de culture. Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de la Métropole Rouen Normandie, Anne Hidalgo, maire de Paris, Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris et Édouard Philippe, maire du Havre et président de la communauté Le Havre Seine Métropole se réunissent désormais régulièrement dans le cadre des Rencontres de l’Axe Seine pour échanger avec les forces vives et imaginer ensemble des solutions destinées à structurer et dynamiser ce vaste territoire tout au long de la vallée de la Seine.

Pour favoriser le portage des projets, Le Havre, Rouen, Paris et la Métropole du Grand Paris ont décidé de créer l’Entente Axe Seine qui rassemble les intercommunalités de Paris à la mer. Cet espace de coopération inédit marque une étape décisive dans l’approfondissement de la démarche de coopération engagée, puisque neuf intercommunalités situées au bord de la Seine ont décidé de rejoindre cette Entente.

Acteurs des transitions

Depuis bientôt deux ans, les Rencontres de l’Axe Seine ont permis de rassembler les collectivités fondatrices autour de coopérations concrètes, par exemple sur les thèmes de la transition écologique, économique et énergétique du territoire. Ce travail s’amplifie encore grâce à la création de l’Entente Axe Seine qui rassemble à ce jour treize intercommunalités situées en aval de la Seine.

À travers ce nouvel espace de coopération, centré sur les enjeux de transition, des projets ont déjà été lancés en matière de logistique fluviale urbaine, d’énergies renouvelables ou encore d’attractivité culturelle et touristique, et ce dans la perspective des grands rendez-vous susceptibles de conforter un récit commun autour de la Seine en 2023 (Armada de Rouen, Transat Jacques Vabre) et 2024 (Jeux olympiques, célébration des 150 ans de l’Impressionnisme).

Un atout pour la France

Une culture partagée émerge. L’esprit « Axe Seine » se développe afin notamment d'imprégner la perception qu’habitants et visiteurs de la vallée de la Seine ont de ce vaste territoire, des enjeux qui le concernent ainsi que des richesses naturelles, patrimoniales ou économiques qu’il recèle. Les nombreux projets et les premiers succès enregistrés invitent à faire plus et mieux ensemble.

En privilégiant l’intérêt commun et en faisant converger les initiatives, des actions peuvent être déployées à cette échelle inédite, qui s'affranchit des frontières administratives, pour décider et orienter certains projets et investissements. C'est le cas des mobilités durables, de la transition énergétique, de la culture ou du rayonnement touristique.

Avec l’Axe Seine se dessine l’un des plus grands défis d’aménagement du territoire que la France se soit lancée depuis longtemps. La réussite de l’Axe Seine est indissociable de celle du pays qui, en s’appuyant sur une capitale « ville-monde » et sur une politique maritime et portuaire ambitieuse, renforcera durablement l’économie et l’emploi. Au-delà des bénéfices attendus en Normandie et en Île-de-France, bâtir l’Axe Seine vise à renforcer la capacité de la France à se développer sur le plan industriel.